La Chine vers 2035

La Chine vers 2035 : autonomie scientifique, innovation et rivalité technologique mondiale

Un semi hors sujet pour bien débuter la semaine. Le monde de la tech est un enjeu majeur en terme de souveraineté des pays du monde. Réunis cette semaine à Pékin à l’occasion du quatrième plénium visant à poser les bases du 15e plan quinquennal, la Chine s’est fixé un cap clair : se hisser d’ici 2035 à un niveau d’autonomie scientifique et technologique élevé, capter des positions de leadership dans les technologies clés et réduire considérablement ses dépendances étrangères. Cette ambition est inscrite dans le cadre du 14th Five‑Year Plan (2021­-2025) et surtout du prolongement à horizon 2035, où figure notamment le concept de « puissance scientifique et technologique ».

Pourquoi ce focus sur l’autonomie pour la chine ?

Le communiqué du parti communiste chinois mentionne que « le pays doit parvenir à une plus grande autonomie et à une plus grande puissance scientifique et technologique ». En d’autres termes : la Chine ne veut plus dépendre des exportations de technologies étrangères. Qu’il s’agisse des semi-conducteurs, des équipements de recherche ou des chaînes logistiques critiques. Dans le contexte de restrictions américaines sur les puces, l’argument sécuritaire et économique prend tout son sens.

De plus, la Chine semble privilégier désormais la demande intérieure : renforcer le marché domestique, améliorer le bien-être social, stimuler la consommation. Selon une étude récente, la Chine est maintenant « un innovateur de premier plan » dans plusieurs industries avancées (batteries, véhicules électriques, nucléaire) et réduit rapidement l’écart dans d’autres domaines.

Cette trajectoire entraîne plusieurs effets. Tout d’abord, le renforcement des investissements publics et privés dans la recherche fondamentale et appliquée : la Chine promeut des plans à long terme (ex. “2021-2035” pour la science et la technologie) afin de transformer les structures industrielles. Elle pousse aussi à l’intégration civilo-militaire (military‑civil fusion) : les technologies développées pour des usages civils sont systématiquement envisagées pour des retombées stratégiques.

La Chine essaye d’adhérer de plus en plus aux normes internationales tout en essayant de créer ses propres « standards » technologiques, notamment dans les infrastructures numériques, l’identité digitale, les composants de télécommunications. Pour les ingénieurs, les entreprises et les chaînes d’approvisionnement mondiales, cela signifie que la Chine ne sera plus seulement l’atelier du monde, mais de plus en plus un concurrent à connaître : des innovations sortiront de cette dynamique, des alliances se recomposeront, et certains secteurs pourraient être repensé différemment.

Conséquences pour les ingénieurs et l’industrie en France

Que représente tout cela pour la France ? Il importe de regarder deux dimensions : la coopération et la compétition.

Sur la coopération, la France et l’Europe ont encore beaucoup à gagner en partenariat avec la Chine, tant sur les grands défis (énergie, climat, santé, transport) que sur la recherche. Lors du sommet de 2023 entre la France et la Chine, des accords économiques et technologiques ont été signés. Toutefois, je pense que la montée en puissance chinoise impose plus de vigilance surtout dans un contexte géopolitique très instable.

Sur la compétition (et la souveraineté technologique), la France doit prendre la mesure de la transformation en cours :

  • Le contrôle accru des exportations technologiques (ex. vers la Chine) par les États-Unis et d’autres acteurs oblige à repenser les dépendances.
  • La recherche française est soumise à de nouvelles mesures de “protection du potentiel scientifique et technique”, ce qui témoigne d’une prise de conscience accrue.
  • Sur le terrain européen, la Chine pousse ses standards et son modèle d’innovation dirigé par l’État, ce qui peut questionner la trajectoire européenne fondée sur l’ouverture, la collaboration et les marchés.

Pour la France, l’enjeu est donc double : renforcer ses propres capacités en amont (infrastructure de recherche, innovation industrielle, attractivité des talents) et nouer des coopérations équilibrées avec la Chine. Tout cela sans se retrouver dépendante, ni sacrifier ses valeurs de recherche ouverte et de protection des savoirs. Je n’ai pas l’impression à mon échelle que la France suis une trajectoire suffisamment claire et optimiste sur le sujet et pourtant nous avons un paquet de talent dans notre beau pays non ?

Pour l’horizon 2035, ce plan chinois représente une volonté manifeste de transformer non seulement l’industrie, mais aussi le modèle économique et stratégique du pays. Avec des objectifs clairement affichés pour augmenter l’influence internationale, se repositionner comme leader de l’innovation, et réduire les dépendances technologiques. La Chine a mis sur la table une vision ambitieuse : autonomie technologique, montée en puissance scientifique, redéfinition de son rôle international. Ce plan mérite une veille active : quels secteurs seront les premières victimes ou bénéficiaires ? Quelles innovations sortiront de ce contexte ? Comment les acteurs européens ou américains vont-ils réagir ?

J’espère que la France pourra lancer des projets aussi ambitieux, mais n’a-t-elle pas déjà un train de retard ?

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