Grokipedia, parfois appelée Grokpedia, est une encyclopédie en ligne alimentée par l’intelligence artificielle Grok, conçue par xAI, l’entreprise fondée par Elon Musk. Lancée officiellement en octobre 2025 sous sa version v0.1, elle ambitionne de devenir une alternative à Wikipédia, se voulant plus ouverte, plus précise et affranchie des « biais idéologiques » que Musk attribue aux plateformes traditionnelles.
Selon xAI, la plateforme vise à offrir « une collection complète de tout le savoir humain, accessible à tous », grâce à un moteur d’IA formé sur d’immenses bases de données textuelles et des ressources publiques. Les premiers rapports mentionnent plus de 800 000 articles générés automatiquement par Grok, explorant des sujets variés allant des domaines scientifiques à la culture populaire. À la différence de Wikipédia, l’édition publique sur Grokipedia est limitée : les utilisateurs peuvent soumettre des suggestions de modifications, mais leur validation reste sous contrôle centralisé. Musk insiste sur le caractère open source et transparent du projet, bien que les détails relatifs au code et au processus éditorial restent encore vagues. L’idée d’une encyclopédie évolutive et libre de toute propagande suscite simultanément curiosité et scepticisme. Si vous voulez le tester c’est par ici !
D’où vient l’idée de Grokipedia ?
Depuis plusieurs années, Elon Musk critique Wikipédia, qu’il accuse de manquer de neutralité et d’être influencée par une « propagande idéologique ». Sur sa plateforme X, il n’a cessé de pointer du doigt les biais supposés de l’encyclopédie en ligne, affirmant qu’elle « ajuste la vérité aux courants dominants ». Dès 2023, Musk suggérait déjà de renommer Wikipédia en « Wokipedia », pour dénoncer ce qu’il percevait comme une domination d’une pensée progressiste unique sur la modération et le choix des sources. Ces critiques vont au-delà du simple sarcasme, traduisant son intention de proposer une alternative à un modèle qu’il perçoit comme centralisé et politisé. C’est dans cette optique qu’est née Grokipedia, un projet issu du laboratoire xAI et intégré à l’écosystème de Grok, le chatbot alimenté par intelligence artificielle et relié à la plateforme X.
Musk présente cet outil comme une « encyclopédie de la connaissance universelle libérée des biais », ayant pour ambition déclarée de « purger le web de la propagande ». Grokipedia se veut un espace où l’IA synthétise et restitue les connaissances sans intervention humaine, exploitant les capacités de calcul et la base de données textuelles du modèle Grok. Dans sa conception, Grokipedia se distingue notablement de Wikipédia. Là où cette dernière repose sur une contribution communautaire ouverte, Grokipedia centralise la création des contenus. Les articles y sont générés automatiquement à partir de corpus textuels existants et publiés sans intervention directe des utilisateurs. Ceux-ci peuvent néanmoins proposer des suggestions de corrections via un formulaire dédié, bien qu’ils ne puissent pas éditer les pages eux-mêmes. Cette approche vise une cohérence éditoriale accrue mais soulève des interrogations quant à sa fiabilité et transparence : qui valide les modifications proposées ? Sur quelles sources repose l’IA Grok ?
Actuellement en version expérimentale 0.1, Grokipedia montre encore plusieurs limitations. Certains médias ont relevé des erreurs factuelles, des reprises directes d’articles Wikipédia, et des prises de position partisanes sur des sujets controversés tels que la politique, le genre ou le climat. L’interface minimaliste favorise une navigation rapide avec un moteur de recherche efficace, bien que la stabilité technique demeure perfectible. En comparaison, Wikipédia se distingue par son modèle basé sur la participation collective. Les principes de vérification communautaire, de discussions ouvertes et de traçabilité des modifications offrent une forme de contrôle démocratique. À l’opposé, Grokipedia parie sur l’idée d’une vérité automatisée, délestée du débat humain mais encadrée par les choix initiaux de son IA. Ce contraste reflète la vision particulière de Musk : substituer une intelligence artificielle soi-disant « objective » au consensus collectif, quitte à redéfinir la notion de neutralité dans un monde numérique en perpétuelle transformation.
Ca donne quoi Grokipedia ?
Les premiers retours sur Grokipedia sont largement contradictoires, et mettent en lumière des divergences nettes avec Wikipedia. C’est un outil qui va faire parler de lui et ce n’est que le début. Il existe déjà des sujets de discorde qui :
- Des articles de Grokipedia sur des sujets sensibles comme l’attaque sur le capitole du 6 janvier, le mouvement #Gamergate ou même la fiche sur Donald Trump montrent des formulations bien différentes de celles de Wikipedia. Par exemple, l’article « January 6 » évoque des « affirmations largement diffusées d’irrégularités de vote » soit un récit très proche des discours de la droite US et minimise le rôle du président.
- Une étude note que beaucoup d’articles « non politiques » de Grokipedia semblent simplement avoir été copiés mot-pour-mot de Wikipedia.
- D’après le site Wired : Plusieurs entrées de Grokipedia observent un ton éditorial très marqué : l’article « transgender » utilise des termes comme « biological males » pour parler de femmes trans, suggère que les médias sociaux sont une « contagion » augmentant le nombre de personnes trans…
Bref de nombreuses sources cherchent à trouver toutes les incohérences de cette première version de Grokipedia. L’avenir nous dira si c’est un outil qui permettra d’éviter toute forme de propagande ou de manipulation !
L’un des principaux risques est celui de la désinformation algorithmique : quand une IA produit des articles encyclopédiques, les erreurs ou biais ne sont pas toujours évidents à détecter, d’autant que le format « encyclopédie » inspire confiance. L’autorité algorithmique pose un autre problème : si un lecteur considère que « ce qui est dans une encyclopédie = vérité », l’effet de source forte peut amplifier la diffusion de contenus erronés ou orientés. En l’absence d’un mécanisme transparent d’édition collaborative (comme sur Wikipedia), le risque d’erreurs ou de réécritures partisanes est plus élevé. Et dans un même temps il existe nombre de source présentant Wikipdia comme non fiable aussi.
Dans les prochains mois, plusieurs éléments seront déterminants pour l’avenir de Grokipedia. D’abord, la transparence du code et des données : xAI a promis un projet « open source », mais les détails sur les sources d’entraînement de Grok et les méthodes de génération restent flous. La gouvernance éditoriale devra aussi être clarifiée : qui valide les corrections, selon quels critères, et comment seront gérés les biais ? L’ouverture des contributions au public pourrait être une étape décisive vers plus de crédibilité, rapprochant le modèle de celui de Wikipédia. Enfin, l’intégration croissante avec X et Grok pourrait transformer Grokipedia en un outil de recherche intégré à la plateforme sociale de Musk, ce qui soulève des questions sur la centralisation de l’information.
Grokipedia incarne à la fois une innovation audacieuse et un risque informationnel. Son potentiel est réel si elle parvient à conjuguer accessibilité et rigueur. En attendant, la prudence s’impose : toujours vérifier les sources, croiser les informations. Avoir deux encyclopédies majeures, l’une humaine et collaborative (Wikipédia) et l’autre générée par IA (Grokipedia), pourrait finalement bénéficier à l’écosystème du savoir. Cette coexistence crée un équilibre entre intelligence collective et puissance algorithmique, stimulant la vérification croisée et l’innovation dans la diffusion de la connaissance. La pluralité des approches renforce la diversité et la résilience de l’information à l’ère numérique. C’est peut être ce dernier point le plus important au final… non ?
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